Muxia – Jérusalem

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Il m’aura fallu plus de cinq mois pour appuyer sur le bouton « envoyer » et partager le texte de conclusion de ce voyage. Peut-être avais-je peur de poser le mot «  fin » à ce qui me parait être le début d’une nouvelle tranche de vie. Je n’avais d’ailleurs jamais réussi  à envoyer le texte de conclusion de mon voyage vers Compostelle il y a 4 ans. Le sort en est à présent jeté si vous lisez ces quelques lignes.

Tellement de photos rappellent que j’ai gravi des milliers de mètres de dénivelés en traversant les Pyrénées, le Massif Central, les Alpes, les Apennins, les monts Taurus. Les marques gravées sur mon bâton sont la mémoire des sept millions de pas, des sept pays, des centaines de villages que j’ai traversés et des 185 toits qui ont abrité mes nuits. J’ai pataugé dans l’eau, la boue et la neige. Mes pieds ont foulé de l’asphalte, de la terre, du sable et de la roche qui m’ont usés trois paires de chaussures et causés de nombreuses ampoules.

Tout cela je l’ai fait, mais ce qui est certain, c’est que je ne l’ai pas réalisé seul. La couverture de mon sac à dos illustrée de signatures et d’encouragements et toutes ces photos des personnes tenant mon bâton rappellent que ce projet fût couronné d’un succès collectif et que tous ceux qui ont de près ou de loin participé à ce projet, toutes ces belles rencontres m’ont d’une manière certaine aidé largement à passer la ligne d’arrivée. Comme je l’avais fait il y a maintenant 4 ans, après mon arrivée à Jérusalem, j’ai pris encore quelques photos de passants tenant mon bâton pour symboliser ce caractère collectif. Ces photos, floues pour certaines, je vous les offre, vous les avez méritées…

Je n’ose en effet  pas imaginer ce qu’aurait été ce périple sans vous qui m’avez soutenu. Les trois derniers mois de ce voyage furent en effet  beaucoup plus ardus que je ne l’avais anticipé. J’ai fait l’expérience douloureuse de la solitude et de la fatigue. Celles qui rongent, qui amenuisent les forces, qui broient, qui m’ont poussé à regarder les tarifs des vols les plus proches, qui m’ont empêché de vivre dans le présent, qui est pourtant la seule alternative pour garder un cap heureux, qui m’ont tenaillé des jours entiers. J’ai cependant l’assurance que l’écho de ces moments difficiles se métamorphosera en souvenir positif.

Mais j’ai aussi fait l’expérience de l’euphorie, de la joie profonde,  celle qui vous allège le sac, qui vous rend les jambes légères,  qui se nourrit d’un rien. Un sourire peut vous illuminer des heures de marches, une belle rencontre vous fera siffloter durant des kilomètres d’ascension.

Ce voyage est une expérience humaine extraordinaire qui vous bouscule, brouille vos repères, vous pousse dans vos retranchements ; c’est un concentré de vie. Une vie de contrastes: du vieux, du moderne, du beau, du laid, de l’insolite, du surprenant, de l’émouvant… J’ai fait tellement de belles rencontres, des juifs, des musulmans, des orthodoxes, des catholiques, des athées …, tellement de personnes des quatre coins de la planète ont dédicacé ou signé la protection de mon sac à dos (photo), tellement de belles rencontres qui me poussent à croire que l’être humain est dans sa majorité fondamentalement bon, bienveillant, généreux…

Avec recul, je pense que ce voyage était une vraie folie, mais je pense en être revenu étonnement plus lucide.

Je reviens ainsi plus fort, non pas parce je le suis, mais parce que j’ai fait l’expérience de mes limites, j’en ai longé les côtes des jours entiers. Je me connais mieux. Je suis conscient de ma difficulté à lâcher prise, de ma tendance naturelle à vouloir garder le contrôle. Certaines de ces limites sont néanmoins des qualités. Ma volonté d’être connecté aux autres,  la difficulté d’être éloigné des miens m’affaiblit dans certains contextes mais n’est-elle pas surtout une force vitale, n’est-elle pas ce qui donne du sens à ma vie.

Je suis plus conscient aussi du travail que je peux aussi faire sur moi. J’ai eu de très mauvais jours, mais j’en ai provoqué de meilleurs en me forçant à la relecture des souvenirs heureux de mon blog. Il faut savoir s’éclairer, savoir trouver l’interrupteur. On peut changer le cours des choses, s’illuminer de positif. Il suffit souvent de regarder dans la bonne direction et d’écarter au plus vite les pensées toxiques. C’est un travail permanent, difficile, mais salvateur.

Je sais maintenant aussi que l’on n’est jamais plus fort, plus volontaire que quand on se bat pour une cause, que quand le bonheur et le bien-être d’autrui est en jeu dans son action. J’ai été confronté au doute tellement plus souvent après le départ de Marc et Maxime et le formidable projet que nous portions. J’avais perdu ce qui donnait un sens réel à ces kilomètres quotidiens. Ce qui est en jeu dans une marche au long cours, c’est le chemin et pas tant l’objectif et j’avoue avoir souvent malmené cette règle essentielle.

Il y a fort à croire que je ne mourrai ni musulman, ni orthodoxe, ni catholique, ni juif, mais j’éprouve du respect et une sincère bienveillance pour la toute grande majorité des membres de ces confessions religieuses. Je ne suis pas sans conviction cependant. Il doit bien y avoir quelque chose. Notre univers ne peut être né spontanément, exister  sans créateur…. Il y a un lieu en moi qui ne croit pas en l’autocréation, qui ressent du sacré. Mais ce lieu n’attend pas de réponse. Le mystère me convient très bien. Toute réponse ne devrait en effet pas changer mon comportement et le cours de ma vie et la grande réponse viendra de toute façon bien assez tôt. Je suis en tous les cas infiniment plus conscient que je fais partie de tout cela, que j’ai ma place qui implique droits, mais aussi obligations. J’aime me sentir vivant et ces quelques mois ont renforcé ce sentiment

Je vous remercie de m’avoir suivi, d’avoir illuminé ma route de vos remarques, encouragements. Je remercie aussi quelques auteurs de livres qui, l’air de rien, ont fourni un véritable objectif a des journées difficiles (La Longue Marche de Bernard Olivier, Nous sommes l’eau de Wally Lamb, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson, Plus haut que la mer de Francesca Melandri) et aux nombreux musiciens de ma playlist qui m’ont fait oublier de nombreuses heures le chaos de la solitude.

Je remercie bien sûr Marc, Damien, Jean-Jacques, Martine, Pascal, Eric, Maxime, Noé, Victor, Louis et Luc,  qui ont marché ou roulé à mes côtés, et qui ont par leur présence égayé mon parcours et dont les dates d’arrivées m’ont donné des objectifs à moyen terme.

Je ferai aussi quelques autres remerciements particuliers par lesquels je souhaite englober tous ceux qui m’ont accueilli et aidé durant ces 6 mois. Je remercie ainsi Jean-Jacques et Patricia pour leur accueil et persévérance, Elisabeth pour l’intensité de notre rencontre pourtant si éphémère, Nour et Abdel pour leur générosité naturelle et spontanée, cet extraordinaire accueillant de Conques qui m’a défendu de manger mes provisions et obligé de partager le repas normalement payant des autres pèlerins, les accueillants du Puy en Velay qui m’ont dorloté quand j’étais dans le creux de la vague, Christine (clean 2 Ki) pour son projet humble et écologique …

Je voudrais aussi remercier deux personnes qui furent de véritables sources d’inspirations durant ce long voyage: Angela pour son parcours et ses projets futurs et pour avoir eu le courage de s’arrêter sur une route déserte et avoir pris l’initiative de la discussion avec un pèlerin transpirant (et pour la délicieuse soirée en famille qui s’en suivit), Ali Thair Abud dont les pèlerinages sont une source d’inspiration et d’avoir été un formidable compagnon de marche à l’occasion de mon pèlerinage entre Braine-le-Château et Compostelle il y a trois ans.

Je remercie aussi certains pour leurs belles initiatives dans l’accueil de pèlerins : Je remercie ainsi la très belle création des « accueils pèlerins » de la Via Gebennensis et Rhône Alpes, Ahmed (Jizr al Zarka Israël) d’avoir cru et créé un accueil pour tous dans un village arabe dans lequel j’ai pu marcher sans crainte à la nuit tombée et au petit matin, Michele (Troia Italie) pour la reconversion d’un couvent en gîte pèlerins sur la Via Francigena du Sud  (j’espère que son initiative sera couverte de succès)…

Je voudrais remercier une dernière fois tous ceux qui ont soutenu Maxime et notre magnifique projet.

Je voudrais aussi remercier encore une fois papa et maman qui par une alchimie génétique m’ont doté d’un physique relativement solide. Je ne suis finalement que pour très peu dans la réussite de ce projet.

Je ne peux terminer autrement qu’en remerciant Sophie, Louis et Noé de m’avoir accordé du temps pour la réalisation de ce projet qui m’a occupé intensément une bonne année.

Je voudrais tous vous assurer que les yeux fermés et les mains solidement posées contre le mur des lamentations, j’ai eu une pensée émue, profonde, globale pour tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce projet et plus spécifique pour cette dame souffrante rencontrée à Celle di San Vito qui ayant entendu que je partais pour Jérusalem m’avait timidement abordé en fin de soirée et demandé de prier pour elle.

A l’heure où je me remémore ce voyage, je ne peux oublier la participation active de ma tante Christiane qui n’est plus de ce monde aujourd’hui. Ce fût une des étoiles bienveillantes qui illumina mon parcours de ses nombreux messages…

A la question de savoir si ces 6 mois signent la fin de mes aventures pédestres, je vous répondrais que J’aime désespérément avoir le dos lesté,  les pieds dans la boue et porter mon équipement de pluie et que la terre est un terrain de jeux extraordinaire pour celui qui aime les rencontres et l’aventure.  Ne soyez donc pas étonnés si je remets un jour le couvert. Ce ne sera cependant pas pour demain. J’ai en effet quelques projets plus locaux et une famille avec laquelle j’ai envie de passer beaucoup de temps dans notre petit royaume.

Je vous dis à bientôt pour boire un verre ou manger un bout et vivre de nouvelles aventures… ensemble.

 

« Ce chemin, ce n’était pas moi, c’était nous … »

 

 

 

 

 

Chapitre 3 : kfar Uriya – Acco

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Après une courte nuit dans notre très confortable chambre d’hôtes á Kfar Uriya, nous sommes partis au petit matin pour la dernière mais longue étape de 35 km (et 700m de dénivelé) pour rejoindre Jérusalem. Et quelle belle étape : Grâce aux conseils avisés de notre hôte Amit, nous avons échappé á la monotonie des routes asphaltées et parcouru la plupart de la distance sur des sentiers en zone boisée.
Nous nous sommes arrêtés en cours de route dans le kibboutz Tzuba á l’entrée duquel (cfr photo) nous avons reçu un accueil charmant ( on nous a offert pommes, café, chocolat).
Nous avons ensuite longé une colline bordée de plaques commémoratives (cfr photo).
Malgré la halte récupératrice dans le kibboutz, j’ai dû puiser dans mes réserves pour arriver á Jérusalem. Il faisait en effet une chaleur étouffante et je ne me suis jamais réellement acclimaté. Heureusement qu’une pompe d’essence Milky et ses frigos remplis de boissons fraiches nous attendait quelques kilomètres avant « Jaffa Gate » qui marque l’entrée dans la vieille ville et la fin de mon parcours officiel de pèlerin 🙂. C’est précisément à 15h13 que nous avons franchi cette porte.
Les deux jours qui suivirent furent consacrés á la visite de cette ville fascinante et des quartiers qui la composent. Ce qui frappe ici, c’est la grande ferveur religieuse (cfr photos). Certains pèlerins sont d’ailleurs touchés par ce qu’on appelle « le syndrome de Jérusalem » et perdent véritablement la tête. Des gens du monde entiers se concentrent ici pour prier et ressentir le sacré.
Même si on ne ressent pas de tension, les nombreux checkpoints aux entrées et sorties des différents quartiers, la présence policière et militaire en masse rappelle que le calme n’est ici qu’apparent et n’est possible que grâce a la prévention et aux contrôles systématiques.
Nous avons assisté le deuxième jours a un événement qui confirme le caractère « borderline » de Jérusalem. Nous étions en train de nous promener sur l’esplanade des mosquées lorsqu’un groupe d’une trentaine de juifs sont entrés escortés par des policiers et militaires et se sont promenés sous bonne garde dans ce lieu normalement réservé aux musulmans (cfr photo). Cela fût bien sûr considéré par ces derniers comme une provocation et les nombreuses femmes présentes devant une des mosquées se mirent á crier « Allah Akbar ». Ce fût le seul moment de tension réellement palpable de notre séjour.
Il faut cependant préciser que ces quartiers ne sont pas des ghettos. Les marchands et commerçants arabes ont envahis de nombreux quartiers de la ville, des juifs passent librement et en nombre dans le quartier musulman, des visiteurs du monde entier et de toute appartenance religieuse passent de quartiers en quartiers. Aucun quartier n’est totalement cloisonné.
Ce qui frappe aussi directement un habitant du village paisible de Braine-le -Château, c’est la présence de nombreux hommes armés. Et ce ne sont pas que des militaires ou policiers, mais aussi de nombreux civils qui portent revolvers ou fusils automatiques (cfr photo).
C’est depuis la ville de Saint Jean d’Acre que je vous écris ce compte rendu. Nous avons en effet quitté Jérusalem, Luc a pris son vol retour il y a deux jours et je termine mon séjour en Israël par la visite de cette ville qui regorge de monuments remarquables, témoins d’une histoire si riche et du passage de tellement de pèlerins en route vers la Terre Sainte. J’ai trouvé que c’était un endroit idéal pour terminer mon long périple.
Je ne peux pas conclure cet avant dernier compte-rendu sans remercier Nathan (cfr photo), un des employés de mon hostel à Tel Aviv pour sa disponibilité et le temps qu’il a consacré à me faire connaître son pays et bien entendu mon ami Luc pour ces quelques jours passés ensemble. Même s’il n’est pas homme à se plaindre, je suis convaincu que ce ne fût pas facile et que les nombreuses ampoules aux pieds lui rappelleront nos longues marches pendant encore quelques jours. Merci mon ami🙂.
Je vous dis à très bientôt pour mon dernier courrier.
Dans 24h je serai dans le vol Brussels Airlines á destination de BRUXELLES🙂.

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Chapitre 3 : Tel Aviv – Kfar Uriya

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Samedi 1er octobre 20h: Demain à la même heure je ne serai plus un pèlerin. je récupérerai la condition de simple touriste et avec elle le droit de prendre bus, train, taxi, sherout et faire du stop🙂.
D’ici là, je serai un pèlerin heureux. La compagnie de Luc fait en effet toute la différence. Nos discussions me font oublier que mon corps souffre davantage car il a déjà commencé à se mettre en mode repos. J’appréhende cependant un petit peu notre dernière longue étape de 32 km de demain. Mais ce sera la dernière 🙂. Je ne me rendrai en effet pas à Aqaba. La modification de mon parcours causée par les événements en Turquie a en effet précipité mon arrivée en Israël et la météo est encore trop estivale pour que je tente une traversée du désert du Néguev en solitaire. Ce n’est cependant que partie remise…
Je ne ressent néanmoins aucune frustration. L’objectif majeur a toujours été Jérusalem et le désert devait être une sorte de récompense. Ma meilleure récompense sera mon retour à la maison🙂.
Nous avons quitté Tel Aviv hier matin et après 20km nous avons atteint la partie russe de la ville de Lod. Ambiance russe, repas russe, bière russe (pour moi) et rencontre insolite avec un Corse (cfr photo).Ici on ne dit pas toda (merci en hébreux), mais spasiba. Durant notre promenade digestive, nous avons rencontré Mark, un habitant russe du coin avec lequel nous avons sympathisé. Il nous a expliqué qu’un grand nombre de Russes avaient rejoint cette ville (qui est une des plus ancienne d’Israël) après l’éclatement de l’URSS. Il nous a aussi confirmé qu’on ne voit que très peu de touristes dans le coin…
Ce matin, départ de Lod pour une marche de 23km qui nous a mené à Kfar Uriya, un village juif situé à une journée de marche de Jérusalem. Nous y avons été très bien accueillis par Faris un habitant chrétien (un homme vraiment touchant chez lequel nous avons mangé ce soir) et par Amit le propriétaire de la magnifique maison d’hôte où nous logerons pour la nuit.
A demain pour le résumé de ma dernière journée de marche🙂.

Chapitre 3 : Larnaca – Tel Aviv

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Cela fait maintenant trois jours que je souhaite rédiger un compte-rendu, mais il y a toujours quelque chose qui m’en empêche : une sieste prolongée il y a 3 jours, la rencontre avec Mary dans mon Hostel à Jizr al Zarka avant hier et avec Heather á Mikmoret hier…

Je suis arrivé avec un peu de retard vers 2h30 du matin à l’aéroport Ben Gurion qui vit de toute évidence aussi bien la nuit que le jour. J’ai donc trouvé sans peine un bus (gratuit) dans lequel des israéliens m’ont gentiment accueilli et ont répondu à mes nombreuses questions. J’ai ensuite partagé un taxi avec un vénézuélien et une argentine qui se dirigeaient aussi vers le centre de Tel Aviv. Je me suis rendu ainsi dans l’hostel qui devait m’héberger la nuit suivante et j’ai pu trouver un lit pour prendre quelques heures de repos avant le lever du soleil…
Je suis resté un jour complet dans cette ville grouillante, épanouie, enivrante où se côtoient en harmonie (apparente ?) musulmans, juifs et touristes venant des quatre coins de la planète. Les plaques de signalisation sont d’ailleurs rédigées dans dans les trois alphabets courants.
Dans cette ville, on passe en douceur des maisons millénaires de Old Jaffa aux immeubles Bauhaus des années 30 qui encerclent des immeubles ultramodernes. On sert toutes les cuisines, on profite de tout les plaisirs de la plage, on court, on fait du vélo (le plus souvent électrique). Cette ville n’est ni occidentale, ni orientale. Rien ne choque, tout semble permis, même l’excès. Attention cependant, tout se fait sous le contrôle vigilent d’une police locale très présente (dont on m’a dit que les pouvoirs étaient très étendus).
En Israël, on prétend qu’à Jérusalem on prie, à Tel Aviv on fait la fête et à Haïfa on travaille. Je suis donc entré par la place festive du pays🙂.
Le lendemain matin, j’ai pris le départ pour Haïfa (point de départ de ma marche en Israël) en sherout (sorte de camionnette-taxi collectif). Le principe de ce moyen de locomotion est que le chauffeur attend que le véhicule soit correctement rempli avant de prendre le départ.
Je ne suis resté qu’une après-midi et une nuit á Haïfa ce qui ne m’a permis de visiter qu’en toute hâte un quartier qui abrite une colonie russe importante et le sanctuaire Baha’i où repose la dépouille d’un des deux fondateurs de cette religion qui n’a ni prêtre ni culte. Elle compte environ 7 millions d’adeptes dans le monde et prône l’égalité des sexes, des races, des religions.
C’est dans mon auberge à Haïfa que j’ai fait la rencontre de Anne, une compatriote bilingue avec laquelle j’ai papoté un long moment.
J’aime honorer un pays en effectuant une belle première marche sur son territoire. Ce fût le cas en Grèce, en Turquie, à Chypre et j’ai fait de même ici en parcourant un marathon entre Haïfa et le village arabe de Jizr al Zarka. Ce village authentique de pécheurs est très isolé. Il abrite en effet une colonie de descendants d’anciens esclaves africains et personne en Israël ne semble vouloir se mêler à eux. J’ai reçu un excellent accueil de Ahmed dans la seule auberge que compte ce village. J’y ai marché sans risque à la nuit tombée et suis parti au petit matin. C’est là aussi que j’ai rencontré Mary, une américaine qui profite de son séjour pour passer dans les écoles défavorisées et donner gracieusement des cours de dessin. Une belle rencontre !!!
C’est durant la deuxième étape entre Mikmoret et Jizr al Zarka que j’ai rejoint le très sportif Israël National Trail, sentier de randonnée d’environ 1000 km qui traverse tout le pays. Beaucoup de passages dans la roche, marche longue et difficile dans le sable, mais en contrepartie, il vous fait passer par de nombreux points d’intérêt historique de la région et cela dans un cadre vraiment magnifique. J’ai ainsi pu observer les ruines des sites de Césarée et d’Apollonia et profiter du spectacle des falaises qui bordent cette partie du littoral (avec des passages parfois techniques entre la falaise et la mer).
L’accueil est vraiment cordial où que je passe. C’est ainsi que le responsable de la guérite d’un kibboutz m’a évité un long détour en m’invitant à passer par le centre. J’y étais entré depuis 5 minutes à peine qu’une mère et sa fille me proposaient de manger en leur compagnie. Je me sens vraiment très à l’aise dans ce pays.
C’est dans mon hostel à Mikmoret que j’ai fait la connaissance de Heather, une bénévole américaine et Dotan un Israélien pur souche. J’ai passé ainsi une très agréable après-midi et une bonne soirée.
Départ de très bonne heure le lendemain matin. Je n’avais en effet rien réservé car les hôtels de Netanya étaient très chers et je souhaitais pousser jusqu’à Tel Aviv. Deux choix s’offraient à moi : une route asphaltée de 39 km ou un chemin côtier dont j’ignorais le parcours précis. J’ai choisi l’aventure… et suis arrivé heureux mais bien fatigué 40 km plus loin. C’est le long de ce parcours que j’ai rencontré deux jeunes trekkeurs israéliens et Nathan, un monsieur de 76 ans ancien triathlonien qui fait encore son jogging quotidien de 10 km. Il m’a quitté après avoir parcouru 6 km en ma compagnie, m’a donné son numéro de téléphone en cas de soucis et m’a proposé de loger chez lui quelques jours si je le souhaitais.

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J’ai oublié de vous dire que les trois israéliens (Moshe en Espagne et Ran et Tami en France) que j’avais croisé il y a plusieurs mois durant ma marche m’ont tous proposé de me rencontrer durant mon séjour.
Il me reste ce soir 80 km pour atteindre Jérusalem (qui sonnera la fin de ma longue marche). Je les ferai avec mon grand ami Luc qui me rejoint ce soir. Je me réjouis d’avance des quelques jours que nous allons passer ensemble🙂.

Anecdotes :

A) L’exception qui confirme la règle.
Je suis vraiment toujours bien reçu par les populations locales et cela à une exception près. Je cherchais l’emplacement du National Trail lorsque je me suis approché de la guérite d’une grosse entreprise de gaz afin de demander mon chemin. Je n’étais pas à 15m lorsque le préposé sortit de sa petite cage en me faisant un signe que je n’ai de toute évidence pas assez vite interprété à son goût. Je n’eut pas le temps de faire 5m de plus qu’il brandit sa mitraillette en signe de menace. J’avoue ne pas avoir demandé mon reste et ai tourné les talons…

B) Je suis né sous une bonne étoile🙂.
Je fêtais mon anniversaire le jour précis de ma traversée entre la Turquie et Chypre. Le destin m’offrit deux cadeaux :
Le premier sous la forme de Anke et Thorsten, un couple de sympathiques bikers au long cours allemands qui firent la traversée avec moi. J’étais vraiment aux anges quand je les ai vu car l’ambiance était franchement turco-turque. Pas un touriste à bord. Nous avons passé une bonne partie de la nuit à discuter voyages. Ils sont sur la route pour plus d’un an et font une sorte de tour du monde.
Il ne me manquait plus qu’un gâteau d’anniversaire pour que la fête soit complète. J’ai dû être un peu plus patient. Après ma journée de marche fatigante, vu la petite nuit passée couché sur le sol du bateau, j’ai décidé de m’offrir un bon repas à Nicosie. Il n’y avait que peu de monde dans le restaurant mais un couple et un enfant en bas âge sont venus s’assoir juste à ma gauche. Quelle ne fût pas ma surprise lorsqu’à la fin de leur repas, la femme découpa un gâteau d’anniversaire et m’en offrit spontanément une part. C’était l’anniversaire de son mari qui fêtait ses 37 ans. Quelle coïncidence étrange !!! Combien de chance avais-je en effet que quelqu’un fête son anniversaire le même jour que moi dans ce restaurant ? Et combien de chances avais-je que l’épouse m’en offre une part ? (Rajoute de Sophie : ne pas sous-estimer le 6ème sens de l’épouse).

Quelques photos en annexe (les photos devraient bientôt être classée pour que vous puissiez vous y retrouver)

A bientôt pour mes dernières aventures🙂…

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Chapitre 3 : Kemer – Larnaca

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Cela fait pas mal de temps que je n’ai plus rien posté sur mon blog et je vais être assez bref. Je prend en effet mon avion dans quelques heures de Larnaca pour Tel Aviv. Je mettrai le pied en Israël cette nuit et me préparerai à faire un bout de chemin dans ce 7ème pays.
Je ne vous cacherai pas que depuis Kemer en Turquie mon parcours a été très difficile. J’ai troqué l’autoroute D400 assez montagneuse en bordure de mer contre la même D400 mais cette fois ci en plaine. Les conséquences furent double. J’y ai tout d’abord perdu un relief que j’affectionne et qui me fait paraître le temps moins long et j’ai perdu deuxièmement par la même occasion le peu d’ombre que m’offraient les routes sinueuses de montagne. La première lueur de l’aube fût donc plus que jamais ma compagne matinale.
Les deux ou trois jours qui ont suivi mon dernier post ont été physiquement éprouvants à cause du dénivelé mais m’ont par contre offert des paysages somptueux. Ceux-ci ont disparu en approchant d’Antalya. Je n’ai fait qu’une brève étape dans cette grosse ville et suis parti (un peu plus tard que d’habitude) pour une courte marche de 15 km vers Aksu ou j’avais réservé une chambre d’hôtes très bien cotée. Elle ne fût pas facile à trouver car perdue à l’écart d’un village, mais je ne regrette cependant pas mon choix. L’accueil d’Ergun et son épouse fût cordial et le repas qu’ils m’ont cuisiné fût incontestablement le meilleur que j’ai mangé en Turquie. Malgré mon départ très matinal Ergun n’a pas prétendu me laisser partir sans me saluer et c’est donc dans le noir que nous nous sommes dit au revoir.
Les quelques jours qui suivirent furent encore plus difficiles. La chaleur était accablante, la route monotone et j’ai passé quelques mauvaises nuits. Mais j’avançais et la fin de mon parcours en Turquie se profilait ce qui améliorait mon moral. Mauvaise nouvelle cependant sur cette portion où j’ai reçu la confirmation que tous les bateaux à destination de Chypre depuis Alanya avaient été annulés cette fin de saison. La seule solution possible était de rejoindre Tasucu en bus (mon planning ne me permettait en effet pas de marcher ces 240km).

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J’ai donc quitté La Turquie il y a trois jours et je vous écris depuis Larnaca d’où je m’envolerai dans 3 heures pour atterrir à l’aéroport Ben Gourion. Il est fort probable que j’y passe la nuit par terre dans le hall des départs☹…
Les trois jours que j’ai passés à Chypre ont été surprenants et insolites et je vous en expliquerai les détails dans le post que je rédigerai demain ou après-demain depuis Israël.
Je vous embrasse et vous dit a bientôt pour mes presque dernières aventures🙂.
Quelques photos en annexe..
N.B. : Il est temps que je quitte Chypre. Je n’arrive en effet pas à m’habituer à la conduite à droite et j’ai déjà failli me faire écraser à deux reprises🙂.

Chapitre 3 : Héraklion – Finike

resized139Seulement 9 jours depuis mon départ d’Héraklion et j’ai l’impression que c’est déjà tellement loin…

Il y a 9 jours j’étais en effet encore en Crête et je suis depuis passé par Rhodes puis ensuite parla petite île grecque de Castellorizo et je me trouve à présent en Turquie depuis trois jours.

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Mes trois derniers jours de marche en Crête ont été vraiment très agréables. Après une dernière journée balnéaire entre Héraklion et Malia, j’ai quitté les sentiers battus en passant par un chemin dans les montagnes entre Malia et Agios Nikolaos. Si cette dernière ville n’a vraiment que peu d’intérêt, le chemin qui y mène est lui vraiment magnifique. On se retrouve au milieu de nulle part et si c’est parfois un peu inquiétant, c’est pour ce genre de sensation particulière que j’ai entrepris ce voyage.
La dernière journée de marche entre Agios Nikolaos et Platanos m’offrit des paysages magnifiques et me fit passer devant un des plus joli petit monastère depuis mon entrée en Grèce. Mieux vaut tard que jamais 🙂.

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Apres une demi journée passée à Siteia, j’ai pris mon troisième ferry en direction de Rhodes. C’est a bord de celui-ci que j’ai rencontré Didier, un chef coq canadien. Nous sommes arrivés vers 2 heures du matin à Rhodes et avons rejoint notre auberge vers 3h du matin. Après une journée passée à visiter la très belle vieille ville (dommage que tout ce qui est beau est toujours bourré de touristes et d’échoppes sans réel intérêt …) , j’ai repris ma marche en direction de Theologos où j’avais réservé un petit chalet dans la forêt. Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu et le chalet sera remplacé par une tente… Moi qui ne voulais plus entendre parler de camping, ce n’est pas sans une certaine appréhension que j’ai accueilli la nouvelle. Mais il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis et j’ai bien fait d’accepter ce changement. J’ai en effet passé une merveilleuse soirée en compagnie d’Iphigénie (la propriétaire boudhiste), de Didier qui était arrivé le jour d’avant, de Rosanna une Italienne habitant en Allemagne (cfr photo), d’une jeune islandaise et d’un français vraiment spécial. Je vous avoue que la soirée fût un vrai traquenard et que je n’ai rejoint ma tente qu’à 3h30 (cfr anecdote). Je me suis néanmoins levé a 5h45 avec un bon mal de tête mais un très bon souvenir pour mon dernier jour de marche à Rhodes. J’aurais néanmoins bien fait de rester un peu plus tard dans ma tente car quand je suis arrivé à 7h30 dans la vallée des papillons pour visiter le site, il n’y avait pas âme qui vive car les visite ne débutaient qu’à 9h. Je suis donc parti directement en direction de Rhodes ou j’ai rejoint mon auberge (31km plus loin) et surtout un bon lit☺.
Le lendemain matin, départ de l’auberge à 6h pour rejoindre le port où je devais prendre mon quatrième ferry pour la petite île de Kastelorizo qui est un passage obligé pour rejoindre Kas en Turquie. Comme il y avait 6 heures entre les deux ferries j’ai eu le temps de visiter le coin, de vous rapporter quelques belles photos, de manger un dernier saganaki, une taramosalata avec une bonne bière☺ et enfin de discuter un long moment avec une jeune grecque qui m’expliqua l’origine des deux noms de son île (Kastelorizo et Meis) et essaya aussi de me convaincre de rester quelques temps car le travail ne manque pas ici si on est bricoleur et prêt à se retrousser les manches.

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J’ai posé un premier pied en Turquie vers 16h30 et après avoir récupéré mon passeport au bureau du tourisme local, je me suis rendu à la poste pour obtenir mes premières lires turques.
Le reste de la journée passa comme un clin d’œil : Achat de vivres pour le lendemain, nettoyage de mes affaires, préparation de mon itinéraire, réservation de mon prochain hébergement, rapide promenade nocturne, douche…
Départ de très bonne heure de Kas pour une étape de montagne qui sera riche en surprises et rencontres. Outre la gendarmerie locale j’ai en effet rencontré Robin (cfr photo) un motard australien partit du Japon qui s’est retrouvé en Turquie après avoir traversé la Russie. La Hollande est sa destination finale. Dans le café ou je l’ai rencontré j’ai aussi appris qu’un Suisse allemand semble suivre la même route que moi avec un jour d’avance🙂.

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J’ai aussi croisé en soirée (lors d’une promenade dans les quartiers défavorisés de Demre) la route de Hussein et Mammoud qui m’ont gentiment proposé de les rejoindre pour boire le thé. Je suis vraiment très frustré de ne pas pouvoir dialoguer. A part le turc, la plupart de ceux que je croise parlent juste un peu d’allemand.

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Chose que je n’ai que très peu rencontré dans les autres pays traversés, les turcs klaxonnent très souvent en me croisant (ce que je prend comme une marque d’encouragement) et proposent spontanément de me prendre en stop. Les derniers qui ont essayé étaient vraiment charmants. Ils ne prétendaient pas repartir sans moi en argumentant (à juste titre il faut le dire) qu’il fait vraiment trop chaud pour marcher. J’aurais mieux fait d’accepter cette fois là car je suis arrivé à mon hôtel très à la limite supérieure🙂. J’ai donc décidé de partir encore plus tôt le matin (cfr photo).
Je devrais atteindre Antalya dans 3 jours et Alanya dans 7 jours où j’espère trouver un bateau pour Girne (Chypre). Israël se rapproche…

Anecdotes

Recette du cocktail « Iphigénie » créé par Didier :
J’espère qu’ il ne m’en voudra pas si je dévoile sa recette et vous en fait profiter. Vous prenez des raisins rouges et vous les pressez, vous ajoutez du jus de citron vert, un peu de zeste de ces même citrons, plus quelques feuilles de menthe sauvage et surtout (et vous ne prévenez pas les convives) vous mélanger le tout avec une portion équivalente de Raki. Le mélange est délicieux mais assez traître et je recommande personnellement de prendre préventivement une aspirine par deux verres du breuvage et d’éviter surtout la pratique de sport matinal si vous dépassez les 6 verres 🙂.

Serafessh :

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Si vous randonnez en plein soleil pendant des heures et que, le gosier à sec vous trouvez enfin un boui-boui avec un frigo, ne faites pas comme moi et restez dans les grands classiques… Surtout pas de Serafressh. Je pensais qu’il s’agissait d’un jus de cerise et je me réjouissais jusqu’au moment où je me suis rendu compte que du jus de cerise cette boisson n’en avait que la couleur mais qu’en réalité, c’était une boisson salée : j’ai eu beaucoup de mal à en avaler la première gorgé… une horreur pour les profanes !!!

Réveil matin :
Accessoire inutile pour le pèlerin voyageant en Turquie. Le muezzin se charge de vous réveiller au lever du soleil.

Gendarmastop :
Mon premier contact avec la gendarmerie turque fût inattendu. Je marchais en montagne sur la bande de gauche lorsqu’une camionnette de gendarme me dépassa et s’arrêta 50m plus loin. Une main passa par la fenêtre et me fit signe d’approcher. J’étais à tort un peu stressé quand je me suis rendu compte qu’ils me proposaient juste de me déposer plus loin. Des gendarmes qui prennent spontanément les auto-stoppeurs, c’est le genre de chose que j’aimerais rencontrer en Belgique🙂.

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Je vous transmets en annexe de nombreuses photos dont une de tortues que j’ai vues dans le port de Kastelorizo, une autre des eaux de mer en Crête rendues turquoises par la présence de sources d’eau douce, deux du fort de Rhodes, celle de mon départ de ce matin (5h25 !!!) et bien d’autres des panoramas admirés.
A bientôt pour de nouvelles aventures…

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Chapitre 3 : Kineta – Héraklion

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Il s’est passé pas mal de temps depuis mon dernier post sur ce blog. Je vais essayer de résumer du mieux possible la dizaine de jours passés depuis Kineta. Je ne commencerai pas par l’horrible nuit passée dans le village d’Agioi Theodoroi car elle fera l’objet d’une anecdote. Un peu de suspense…
Quand je suis rentré dans ce dernier village, je suis allé me renseigner pour connaître les heures de départ des bus en direction d’Athènes. Comme j’étais en effet encore en forme, j’avais décidé de faire 8km de plus que ma destination du jour afin de pouvoir réduire la dernière étape vers Athènes (trop longue pour une journée de marche sous une telle chaleur). Le tenancier de la pâtisserie qui faisait office de distributeur de ticket de bus m’annonça que le premier bus partait le lendemain vers 6h30 mais que je devais être présent à 6h15. J’en pris bonne note et repris la route en direction de mon camping qui se trouvait 5km plus loin. Après avoir monté ma tente, j’ai fait les 8km de plus pour servir d’avance pour le lendemain (distance que je comptais effectuer en bus). Le lendemain, départ de très bonne heure pour arriver vers 6h15 devant la pâtisserie où j’ai malheureusement appris que le bus de 6h30 avait été annulé et que le suivant ne partirait qu’à 12h15 !!!. Non seulement j’avais fait 8km pour rien le jour précédent, mais en plus je venais de revenir 5 km en arrière. J’ai donc demandé au tenancier de la pâtisserie s’il pensait que le stop avait une chance de fonctionner et il me dit que non, mais qu’il y avait une gare 1,5km plus loin… J’ai donc pris la direction de la gare non sans avoir auparavant pris un copieux petit déjeuner offert par le pâtissier terriblement embarrassé de m’avoir donné une information erronée. J’ai finalement trouvé un train qui m’a permis de réaliser les kilomètres parcourus le jour précédant, mais dont l’heure tardive m’aura fait rater tout juste le ferry pour l’île de Salamina, ce qui m’obligea à attendre une heure le ferry suivant et à traverser les 16km de l’île dans la fournaise☹. Cela m’aura par contre permis de croiser des indiens du Penjab engagés pour la récolte de la horta (cfr photo) et des Abanais pour celle des pistaches (cfr photo).

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L’arrivée dans Athènes m’a fait un effet assez particulier. On passe presque instantanément des quartiers isolés et glauques de la périphérie au centre grouillant de la ville. Je me suis installé ensuite dans une auberge idéalement située dans la quartier de Plaka (3min chrono du musée de l’Acropole). C’est dans cette auberge que j’ai fait la connaissance d’un jeune globe-trotter japonais en partance pour Istanbul et d’une vétérinaire québécoise passionnée de musées. C’est cette dernière qui fût à l’origine de mon planning des 2 jours suivants. Elle m’a en effet recommandé avec beaucoup d’enthousiasme de visiter le musée archéologique, le musée de l’Acropole (qui a largement ma préférence pour sa situation, son architecture, l’originalité de la présentation des pièces et le caractère didactique de certaines vidéos) et d’escalader la colline Lycabette.

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La seule véritable originalité de mon programme sera la flânerie du dimanche matin dans la brocante de Monastiraki ou j’ai trouvé une petite décoration pour ma canne 🙂.
Après ces deux jours de visite, le moment était venu de quitter Athènes et la Grèce continentale et de prendre le large vers Chania (Crête) où je devais rejoindre mon fils Louis dans la soirée 😀. Même si je suis pas du style démonstratif, j’espère qu’il aura ressenti ma joie de le retrouver après 5 mois de séparation…

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Au moment d’écrire ces lignes, il m’a quitté depuis hier après un parcours en duo de 120km et est rentré sain et sauf à la maison. Quand à moi, j’ai repris ma longue marche solitaire.
Il n’est pas facile de résumer ma semaine de marche avec lui et je ne vais donc pas essayer. En conclusion, je pense qu’il n’est pas facile de rejoindre un pèlerin qui marche depuis 5 mois. Il a en effet été nourri par tant de jolies vues et de merveilleuses rencontres qu’il supporte assez facilement les côtés moins « romantiques » du parcours ce qui n’est pas le cas du nouvel arrivant😉. Heureusement que ce nouvel arrivant était mon fils et qu’il n’a pas hésité une seconde à me le faire savoir très vivement ce qui m’a obligé à prendre du recul, m’adapter et accepter de faire quelques écarts à ma condition de pèlerin. J’ai ainsi troqué par exemple 38km de marche en bord de route nationale contre 25km de montée pour aller visiter le magnifique monastère d’Arkadi (cfr photos et anecdote).

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Pour tout avouer, J’ai survécu parfaitement bien à ce gros écart😀.
J’ai demandé à Louis en conclusion de cette semaine ce qu’il avait apprécié et il m’a dit (outre le fait d’avoir été réunis), que c’était la très jolie partie de randonnée en bord de mer entre Kavros et Rethymnon, la visite du Monastère d’Arkadi, notre baignade dans les vagues enormes de la Méditerranée, la rencontre avec Michel et Dominique,

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la ½ heure passée à deux sur un banc dans le petit port de pêche de Kavros, les souvlakis (pythas grecques) et le raki (ce qu’il trouve particulièrement drôle, c’est qu’il déteste le raki et que chaque fois qu’on nous en offre, c’est moi qui suis obligé de boire les deux verres et que quand on les remplis à nouveau, cela m’en fait quatre🙂).
Je suis ce soir à Malia après une belle étape de 34km que j’ai réalisée en réussissant à ne pas marcher sur la route nationale. J’ai beau avoir beaucoup de bons souvenirs en réserve, il n’y a finalement pas de mal à en ajouter à la collection.

Anecdotes
1) La pire nuit du parcours :
Quand je suis arrivé au camping de Agioi Theodoroi, j’ai expliqué au gérant qu’il serait intelligent de me placer dans une portion isolée et de préférence éclairée du camping vu mon départ très matinal. C’est ce qu’il fit. Quelle ne fût donc pas ma surprisse quand en rentrant d’avoir fait mes 8km, j’ai remarqué que ma tente était encerclée de tentes et de voitures appartenant à un groupe d’une trentaine d’Arméniens de toute évidence équipés pour faire la fête… A l’heure où je m’installe habituellement pour dormir, la sono passait des chants folkloriques, eux dansaient en tapant des mains et ne semblaient pas vouloir s’arrêter. La musique s’arrêta vers 2h, heure à laquelle un petit groupe de Grecs décidèrent d’entamer une conversation animée. Elle était à peine terminée qu’un nourrisson décida qu’il était temps de réveiller ses parents et de mettre fin par la même occasion à la pire nuit de sommeil depuis mon départ d’Espagne. J’ai en effet replié mon campement et pris le départ vers 4h45. Dans la foulée, j’ai renvoyé ma tente en Belgique et j’éviterai donc ce genre de mésaventures à l’avenir.

2) Vol plané :
Il n’y a pas deux jours, je me vantais en parlant à Louis de n’être jamais tombé depuis le 29 mars et bien depuis hier, je ne peux plus dire la même chose. Il devait être 7h30 et j’étais un peu aveuglé par le soleil levant quand j’ai salué un pécheur installé à ma gauche. A ce moment précis,  le bitume se déroba sous mes pieds et m’envoya ainsi voir de plus près le plancher des vaches qui était en fait du gravier. Résultat de la manœuvre, des écorchures aux genoux, aux mains et à mon bâton. J’espère que ça aura beaucoup fait rire le pêcheur 🙂.

3)Descente du ferry presque ratée à Chania :
Tout le monde dormait à poings fermés dans ma cabine quand j’ai quand même décidé d’aller voir ce qui se passait en entendant un appel au micro dans le couloir. Je fût assez surpris (il n’était en effet que 6h et notre arrivée était programmée pour 6h30) de voir les couloirs de débarquement bondés de passagers valises et sacs à la main. Nous étions en effet arrivés à Chania qui n’était que le premier arrêt du Ferry. J’avoue avoir sauté dans mes chaussures et remballé mes affaires en un temps record. Si je ne m’étais pas levé, je me serais peut-être retrouvé à Rhodes 10 heures plus tard…

4)Dominique et Michel (cfr photo) :

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Mon fils a bien fait de me faire troquer des kilomètres asphaltés contre une randonnée avec visite d’un monastère. La solution normale après la visite était de rejoindre notre hôtel en bus en deux étapes. Tout d’abord Arkadi-Réthymnon et puis Rethymnon-Agia Pelagia. Ces deux trajets en bus faisant environ 85km avec escale, nous auraient pris au bas mot 2h. Comme j’ai assisté depuis l’arrêt de bus á l’embarquement d’autostoppeuses, j’ai décidé de tenter ma chance á mon tour. Et cela fût couronné de succès car 5 minutes plus tard nous étions embarqués à notre tour dans une voiture occupée par Dominique et Michel, deux sympathiques Français de Touraine avec lesquels nous avons par la même occasion essayé de visiter les vestiges d’Eleftherna (malheureusement fermés because dimanche) et bu un verre (plus les rakis offerts par la maison). Ce fût assurément la plus belle journée en Crête..

5)La deuxième pire nuit depuis le départ.
J’ai appris dans l’auberge de jeunesse d’Héraklion que le spectacle est souvent inversement proportionnel au montant dépensé pour le logement. Pour 12,5 euros j’ai en effet eu droit à un véritable feu d’artifice. N’étant arrivé qu’à 9h du soir à Héraklion, c’est seulement vers 11h que je me suis mis au lit avec l’espoir de profiter pleinement des 6h30 qui me restaient avant mon lever. C’était sans compter sur un petit comique qui de toute évidence saoul déboula dans la chambre à 3h. Il dut s’y prendre à trois reprises pour rejoindre sa partie du lit superposé, décida seulement ensuite de se déshabiller en jetant toutes ses affaires en bas (chaussures comprises). Ce n’était malheureusement que le premier acte. Quand il se mit à gémir 15 minutes plus tard, je n’avais pas encore été capable de retrouver le sommeil et je m’attendais au pire, qui arriva. Il avait tout d’abord clairement oublié qu’il dormait dans un lit superposé car une minute plus tard il a atterri bruyament 1,7m plus bas en position couchée. C’est précisément à ce moment que son estomac décida de refuser de conserver plus longtemps tout l’alcool englouti. Je vous passe les détails en vous certifiant qu’à 5h30 tapante j’avais quitté la chambre et que 15 minutes plus tard je m’apprêtais à prendre la route pour mon étape du jour. J’ai déjà renvoyé ma tente, faut-il que je bannisse aussi les auberges de jeunesse ?

Dans 3 jours j’attendrai Siteia d’où je quitterai la Crête pour rejoindre Rhodes.
A bientôt pour de nouvelles aventures 🙂.
NB. Quelques photos en annexe dont celle de deux commerçants qui m’ont gentiment offert des tomates et un melon, la relève des evzones qui montent la garde devant la tombe du soldat inconnu à Athènes, quelques œuvres des musées dont le célèbre masque d’Agamemnon, un rayon surréaliste de bouteilles d’eau dans un carrefour, une cigale grecque et quelques photos générales.

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Chapitre 3 : Amfilochia – Kineta

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Bonjour tout le monde,

J’avoue qu’au moment où je vous écris, je suis un peu énervé☺. Je venais en effet de vous écrire deux pages au moment où un bug a ruiné tout mon beau travail….
C’est pourquoi je me permettrai pour l’occasion de réécrire ce ‘post’ en style plus télégraphique.
Je vous disais que tout allais bien et que malgré le fait que les quelques 200 derniers km ont été parcourus exclusivement sur du bitume, j’ai définitivement retrouvé du plaisir depuis mon entrée en Grèce☺. Je dois pourtant admettre que si le bord de mer grec est magnifique, après plus d’une semaine à le contempler, je serai heureux d’arriver (demain si tout va bien) à Athènes pour une halte culturelle.

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Cette étape marquera le passage du km 4000 et ma récompense sera double : tout d’abord 2 jours de repos et de tourisme, et puis surtout je serai un papa comblé puisque, mardi 23/08,  je serai rejoint par Louis avec qui je marcherai une semaine en Crête☺.
Si je me suis un peu lassé des paysages balnéaires, ce n’est pas le cas de la cuisine locale. On ne peux pas dire que la cuisine grecque soit particulièrement raffinée ( et dans ce cas, ce n’est pas péjoratif), mais les produits sont de très bonne qualité et ca se goûte dans l’assiette. J’ai particulièrement apprécié un délicieux plat de gambas, feta et tomates passé au four. Et puis je raffole du tarama, du tzatziki, de la salade grecque et de cette sorte d’épinard sauvage juste bouilli et arrosé d’huile d’olive et de citron et si j’ai encore de la place après tout ça, un petit baklava ou kadaïf pour terminer en beauté ☺.

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J’ai aussi trois anecdotes à vous raconter :
1)Mon interview á Igoumenitsa : lors de mon arrivée à Igoumenitsa, ma première préoccupation fût de trouver une carte précise de la région. Vu l’absence incompréhensible d’un office du tourisme dans cette plaque tournante du tourisme en Grèce, je me suis rendu dans une librairie, où la libraire n’a malheureusement pas pu m’aider mais, après leur avoir expliqué mon projet, m’a indiqué un autre endroit d’où je suis ressorti comblé. Je suis repassé fin de journée devant la première librairie en allant faire des courses au Carrefour Express. C’est dans celui-ci que je fût accosté par un monsieur d’un certain âge qui (en allemand) me demandait de le suivre. Il m’expliqua en marchant qu’il souhaitait m’interviewer. Lorsque nous sommes arrivés devant la librairie, j’ai compris d’où il tenait ses sources… Le journal local est en effet imprimé dans l’arrière boutique de la librairie. Je suis malheureusement parti avant la parution de l’article mais j’espère en recevoir une copie informatisée…
2) Mon couteau Laguiole presque perdu : comme je me lève et pars le plus souvent à l’aube, je ne suis visiblement pas toujours bien réveillé. Ce fût de toute évidence le cas lors de mon départ d’Agrinio. Lorsqu’après environ 40 minutes de marche j’ai eu le réflexe de vérifier si j’avais bien remis mon couteau à sa place, j’ai vu que ce n’était pas le cas😒. J’avoue qu’il y a des objets auxquels je tiens particulièrement et ce couteau que je possède depuis environ 30 ans en fait partie… Je suis donc repartis à toute vitesse en sens inverse et ayant attrapé un taxi, je suis arrivé en sueur à mon hôtel où le couteau m’attendait tranquillement sur la moquette de ma chambre☺.
3) Déception et bonheur : en partant le matin de Mesolongi, j’ai été dépassé par deux cyclistes qui, vu leur harnachement hyper pro, devaient être des voyageurs au long cours. J’ai essayé de les appeler, mais trop tard…
J’étais vraiment déçu mais ai retrouvé de l’espoir lorsque je les ai vu s’arrêter 300m plus loin. J’ai allongé le pas afin de les rejoindre, mais nouvelle déception, ils sont répartis quand j’étais à une centaine de mètres. Ca n’a l’air de rien, mais cette double déception m’avait donné un petit coup au moral. Cette histoire aurait pu être classée « sans suite », mais deux jours plus tard, en me promenant fin d’a/m près de la gare de Diakopto, je les ai vu arriver en poussant leurs vélos. Je les ai accostés; ils se souvenaient bien de moi et nous nous sommes retrouvés fin de journée pour boire quelques bières. Ils s’appellent Heidi et Peter, sont australiens et sont partis de Rome. Je les retrouverai peut-être à Athènes où ils terminent leur voyage. La vie est pleine de surprises☺.
A part cela, j’ai fait d’autres rencontres sympas dont Costa, le tenancier d’un petit bar avec lequel j’ai papoté un bonne demi heure en dégustant deux café frappés et aussi Christos, le patron du motel Alexandros á Loutraki. C’est un passionné de voyages et nous avions donc un sujet de discussion tout trouvé☺.

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Quelques photos en annexe…

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A bientôt pour de nouvelles aventures ☺
N.B : J’ai passé le canal de Corinthe hier en bord de mer et j’ai fait un petit détour pour en reprendre une photo vers 7h ce matin (plus au centre des terres cette fois-ci).

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Chapitre 3 : Bari – Amfilochia

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La recette du bonheur est souvent simple : se réjouir d’un rien, s’émerveiller de tout. Après cinq jours passés en Grèce, j’ai retrouvé le plaisir que j’avais perdu sur la fin de mon parcours italien. Peut-être la solitude m’avait elle poussée à me renfermer et à provoquer ainsi moins facilement les rencontres. J’en avait un peu oublié que le plus important doit rester le chemin et non l’objectif. Durant mes quelques derniers jours en Italie, mes journées se résumaient souvent à une performance physique dont le seul objectif était de me rapprocher au plus vite de Jérusalem. Si cette philosophie peut fonctionner pour un objectif à court terme, elle ne me peut rassasier le marcheur au long cours… Je me suis donc recentré et et ai ainsi retrouvé de la beauté dans mes trajets quotidiens. J’espère conserver cette sagesse jusqu’au bout de mon voyage. J’aurai décidément beaucoup appris sur moi durant ce long voyage !!!
Quelques mots tout d’abord de ma traversée entre l’Italie et la Grèce. Même si je n’ai pas eu l’occasion de manger à la table du commandant, ni de profiter de tous les plaisirs liés aux croisières méditerranéennes, j’avoue avoir passé un moment plutôt agréable. Agréable parce que j’ai vraiment apprécié le joyeux vacarme des enfants courant, criant et sautillant dans le bar, les aboiements des quelques chiens condamnés pour une nuit à la promiscuité et la métamorphose du bateau en un véritable camping. Je pensais avec le billet que j’avais acheté avoir droit au minimum à un siège confortable pour la nuit. Il n’en était rien. Quand le personnel de bord (qui n’offre vraiment que le service minimum) me montra le bar, je fût assez surpris d’avoir à passer la nuit à bord assis sur une chaise en bois (ce n’est que plus tard que j’ai appris qu’un deuxième bar possédait des fauteuils bien plus confortables). J’ai cependant eu le réflexe judicieux et salvateur de descendre en soute chercher mon matelas de sol. Je fût bien inspiré car le bateau avait a peine largué les amarres que de nombreux sacs s’ouvrirent pour dévoiler matelas et gonfleurs. Des bleus, des roses, des transparents, des petits, des grands, dans le bar, dans les coursives, sur le pont … rien ne semblait pouvoir arrêter la transformation de ce bateau en camping sauvage. Les passagers jouaient aux cartes, lisaient, faisaient connaissance et quelques enfants héritèrent de fameuses claques… « la croisière s’amuse »☺.

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J’ai personnellement fait la connaissance de deux couples de Moldaves, d’une famille indienne et d’un Italien qui m’ont permis de trouver le temps court. Je me réjouis à 54 ans de trouver encore un réel plaisir à passer une nuit par terre coincé à 50cm d’une table de bar et 10cm du matelas sur lequel ronflaient mes amis indiens☺. Mémorable !!!
Si j’attendais avec impatience mon passage en Grèce, ce n’était néanmoins pas sans une certaine appréhension. Mes recherches sur internet m’avaient en effet prévenues qu’en entrant par Igoumenitsa, je débarquais dans une région dont les bois abritaient les réfugies de toute la Méditerranée, ou les chiens très agressifs et le plus souvent en meute se nourrissaient parfois de la chair des marcheurs…
Après cinq jours, mes mollets sont intacts, j’ai traversé 160 km sans croiser le moindre réfugié et mes rencontres canines ont toujours été tenues à distance raisonnable par mon bâton. Rien ne vaut sa propre expérience et un peu d’esprit critique.
Et si le pire ne m’est pas arrivé, j’ai par contre fait quelques très belles rencontres. La population est en effet vraiment accueillante. J’ai droit à des coups de klaxons, des mains qui s’agitent par les fenêtres des voitures, des informations données à profusion et toujours avec le sourire. Pour preuve, cette jeune femme qui m’emmena un dimanche jusqu’à la première pharmacie pour m’indiquer ensuite avec patience l’emplacement de la pharmacie de garde, ce réceptionniste du Sikas Hotel qui me donna durant une bonne ½ heure des informations vraiment importantes et utiles pour la suite de mon trajet jusqu’à Athènes, ce propriétaire de l’hôtel où je logeais à Ammoudia qui me donna son numéro de téléphone pour me dépanner en cas d’ennui en Grèce …
En plus des informations, les Grecs se montrent sensibles à mon projet et me le prouvent en m’offrant un petit cadeau, une nuit gratuite à l’hôtel, une entrée et un dessert non commandés, ou comme ce sympathique serveur qui m’a offert toutes mes boissons ce soir (cfr photo).

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J’ai aussi renoué pour une nuit avec les plaisirs du camping. Quand je suis arrivé dans ma résidence á Ammoudia, une dame (qui ne parlait que grec) me fit comprendre qu’il n’y avait pas de place pour moi. Elle contacta une autre dame (qui celle-ci parlait très bien l’anglais) qui m’offrit en contrepartie la possibilité de placer gracieusement ma tente dans le jardin de son hôtel et de profiter de sa plage privée et des sanitaires. C’est néanmoins le genre de nuit qui me rappelle que je n’ai plus 20 ans et que mes articulations préfèrent un bon lit plutôt que le confort très spartiate du gazon. Ce changement de programme m’aura cependant permis de passer une excellente soirée en compagnie d’Erget, un jeune touriste albanais qui avait raté son excursion de groupe☺. Il ne parlait pas très bien l’anglais et moi pas un mot d’Albanais, mais avec le wifi et Google translate …
Même si je ne passe pas par la Grèce des petits villages typiques, des monastères perdus dans les montagnes et des sites historiques, j’ai droit à de très jolies vues et je profite au maximum des bières locales, du tzatziki, de la féta, des fritures de poissons et de légumes et de toutes les occasions pour échanger quelques mots avec ceux qui croisent ma route.
Je vous parlerai de mon interview à Igoumenitsa dans mon prochain compte-rendu☺ .
A bientôt pour de nouvelles aventures☺.