Archives mensuelles : août 2016

Chapitre 3 : Amfilochia – Kineta

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Bonjour tout le monde,

J’avoue qu’au moment où je vous écris, je suis un peu énervé☺. Je venais en effet de vous écrire deux pages au moment où un bug a ruiné tout mon beau travail….
C’est pourquoi je me permettrai pour l’occasion de réécrire ce ‘post’ en style plus télégraphique.
Je vous disais que tout allais bien et que malgré le fait que les quelques 200 derniers km ont été parcourus exclusivement sur du bitume, j’ai définitivement retrouvé du plaisir depuis mon entrée en Grèce☺. Je dois pourtant admettre que si le bord de mer grec est magnifique, après plus d’une semaine à le contempler, je serai heureux d’arriver (demain si tout va bien) à Athènes pour une halte culturelle.

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Cette étape marquera le passage du km 4000 et ma récompense sera double : tout d’abord 2 jours de repos et de tourisme, et puis surtout je serai un papa comblé puisque, mardi 23/08,  je serai rejoint par Louis avec qui je marcherai une semaine en Crête☺.
Si je me suis un peu lassé des paysages balnéaires, ce n’est pas le cas de la cuisine locale. On ne peux pas dire que la cuisine grecque soit particulièrement raffinée ( et dans ce cas, ce n’est pas péjoratif), mais les produits sont de très bonne qualité et ca se goûte dans l’assiette. J’ai particulièrement apprécié un délicieux plat de gambas, feta et tomates passé au four. Et puis je raffole du tarama, du tzatziki, de la salade grecque et de cette sorte d’épinard sauvage juste bouilli et arrosé d’huile d’olive et de citron et si j’ai encore de la place après tout ça, un petit baklava ou kadaïf pour terminer en beauté ☺.

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J’ai aussi trois anecdotes à vous raconter :
1)Mon interview á Igoumenitsa : lors de mon arrivée à Igoumenitsa, ma première préoccupation fût de trouver une carte précise de la région. Vu l’absence incompréhensible d’un office du tourisme dans cette plaque tournante du tourisme en Grèce, je me suis rendu dans une librairie, où la libraire n’a malheureusement pas pu m’aider mais, après leur avoir expliqué mon projet, m’a indiqué un autre endroit d’où je suis ressorti comblé. Je suis repassé fin de journée devant la première librairie en allant faire des courses au Carrefour Express. C’est dans celui-ci que je fût accosté par un monsieur d’un certain âge qui (en allemand) me demandait de le suivre. Il m’expliqua en marchant qu’il souhaitait m’interviewer. Lorsque nous sommes arrivés devant la librairie, j’ai compris d’où il tenait ses sources… Le journal local est en effet imprimé dans l’arrière boutique de la librairie. Je suis malheureusement parti avant la parution de l’article mais j’espère en recevoir une copie informatisée…
2) Mon couteau Laguiole presque perdu : comme je me lève et pars le plus souvent à l’aube, je ne suis visiblement pas toujours bien réveillé. Ce fût de toute évidence le cas lors de mon départ d’Agrinio. Lorsqu’après environ 40 minutes de marche j’ai eu le réflexe de vérifier si j’avais bien remis mon couteau à sa place, j’ai vu que ce n’était pas le cas😒. J’avoue qu’il y a des objets auxquels je tiens particulièrement et ce couteau que je possède depuis environ 30 ans en fait partie… Je suis donc repartis à toute vitesse en sens inverse et ayant attrapé un taxi, je suis arrivé en sueur à mon hôtel où le couteau m’attendait tranquillement sur la moquette de ma chambre☺.
3) Déception et bonheur : en partant le matin de Mesolongi, j’ai été dépassé par deux cyclistes qui, vu leur harnachement hyper pro, devaient être des voyageurs au long cours. J’ai essayé de les appeler, mais trop tard…
J’étais vraiment déçu mais ai retrouvé de l’espoir lorsque je les ai vu s’arrêter 300m plus loin. J’ai allongé le pas afin de les rejoindre, mais nouvelle déception, ils sont répartis quand j’étais à une centaine de mètres. Ca n’a l’air de rien, mais cette double déception m’avait donné un petit coup au moral. Cette histoire aurait pu être classée « sans suite », mais deux jours plus tard, en me promenant fin d’a/m près de la gare de Diakopto, je les ai vu arriver en poussant leurs vélos. Je les ai accostés; ils se souvenaient bien de moi et nous nous sommes retrouvés fin de journée pour boire quelques bières. Ils s’appellent Heidi et Peter, sont australiens et sont partis de Rome. Je les retrouverai peut-être à Athènes où ils terminent leur voyage. La vie est pleine de surprises☺.
A part cela, j’ai fait d’autres rencontres sympas dont Costa, le tenancier d’un petit bar avec lequel j’ai papoté un bonne demi heure en dégustant deux café frappés et aussi Christos, le patron du motel Alexandros á Loutraki. C’est un passionné de voyages et nous avions donc un sujet de discussion tout trouvé☺.

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Quelques photos en annexe…

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A bientôt pour de nouvelles aventures ☺
N.B : J’ai passé le canal de Corinthe hier en bord de mer et j’ai fait un petit détour pour en reprendre une photo vers 7h ce matin (plus au centre des terres cette fois-ci).

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Chapitre 3 : Bari – Amfilochia

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La recette du bonheur est souvent simple : se réjouir d’un rien, s’émerveiller de tout. Après cinq jours passés en Grèce, j’ai retrouvé le plaisir que j’avais perdu sur la fin de mon parcours italien. Peut-être la solitude m’avait elle poussée à me renfermer et à provoquer ainsi moins facilement les rencontres. J’en avait un peu oublié que le plus important doit rester le chemin et non l’objectif. Durant mes quelques derniers jours en Italie, mes journées se résumaient souvent à une performance physique dont le seul objectif était de me rapprocher au plus vite de Jérusalem. Si cette philosophie peut fonctionner pour un objectif à court terme, elle ne me peut rassasier le marcheur au long cours… Je me suis donc recentré et et ai ainsi retrouvé de la beauté dans mes trajets quotidiens. J’espère conserver cette sagesse jusqu’au bout de mon voyage. J’aurai décidément beaucoup appris sur moi durant ce long voyage !!!
Quelques mots tout d’abord de ma traversée entre l’Italie et la Grèce. Même si je n’ai pas eu l’occasion de manger à la table du commandant, ni de profiter de tous les plaisirs liés aux croisières méditerranéennes, j’avoue avoir passé un moment plutôt agréable. Agréable parce que j’ai vraiment apprécié le joyeux vacarme des enfants courant, criant et sautillant dans le bar, les aboiements des quelques chiens condamnés pour une nuit à la promiscuité et la métamorphose du bateau en un véritable camping. Je pensais avec le billet que j’avais acheté avoir droit au minimum à un siège confortable pour la nuit. Il n’en était rien. Quand le personnel de bord (qui n’offre vraiment que le service minimum) me montra le bar, je fût assez surpris d’avoir à passer la nuit à bord assis sur une chaise en bois (ce n’est que plus tard que j’ai appris qu’un deuxième bar possédait des fauteuils bien plus confortables). J’ai cependant eu le réflexe judicieux et salvateur de descendre en soute chercher mon matelas de sol. Je fût bien inspiré car le bateau avait a peine largué les amarres que de nombreux sacs s’ouvrirent pour dévoiler matelas et gonfleurs. Des bleus, des roses, des transparents, des petits, des grands, dans le bar, dans les coursives, sur le pont … rien ne semblait pouvoir arrêter la transformation de ce bateau en camping sauvage. Les passagers jouaient aux cartes, lisaient, faisaient connaissance et quelques enfants héritèrent de fameuses claques… « la croisière s’amuse »☺.

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J’ai personnellement fait la connaissance de deux couples de Moldaves, d’une famille indienne et d’un Italien qui m’ont permis de trouver le temps court. Je me réjouis à 54 ans de trouver encore un réel plaisir à passer une nuit par terre coincé à 50cm d’une table de bar et 10cm du matelas sur lequel ronflaient mes amis indiens☺. Mémorable !!!
Si j’attendais avec impatience mon passage en Grèce, ce n’était néanmoins pas sans une certaine appréhension. Mes recherches sur internet m’avaient en effet prévenues qu’en entrant par Igoumenitsa, je débarquais dans une région dont les bois abritaient les réfugies de toute la Méditerranée, ou les chiens très agressifs et le plus souvent en meute se nourrissaient parfois de la chair des marcheurs…
Après cinq jours, mes mollets sont intacts, j’ai traversé 160 km sans croiser le moindre réfugié et mes rencontres canines ont toujours été tenues à distance raisonnable par mon bâton. Rien ne vaut sa propre expérience et un peu d’esprit critique.
Et si le pire ne m’est pas arrivé, j’ai par contre fait quelques très belles rencontres. La population est en effet vraiment accueillante. J’ai droit à des coups de klaxons, des mains qui s’agitent par les fenêtres des voitures, des informations données à profusion et toujours avec le sourire. Pour preuve, cette jeune femme qui m’emmena un dimanche jusqu’à la première pharmacie pour m’indiquer ensuite avec patience l’emplacement de la pharmacie de garde, ce réceptionniste du Sikas Hotel qui me donna durant une bonne ½ heure des informations vraiment importantes et utiles pour la suite de mon trajet jusqu’à Athènes, ce propriétaire de l’hôtel où je logeais à Ammoudia qui me donna son numéro de téléphone pour me dépanner en cas d’ennui en Grèce …
En plus des informations, les Grecs se montrent sensibles à mon projet et me le prouvent en m’offrant un petit cadeau, une nuit gratuite à l’hôtel, une entrée et un dessert non commandés, ou comme ce sympathique serveur qui m’a offert toutes mes boissons ce soir (cfr photo).

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J’ai aussi renoué pour une nuit avec les plaisirs du camping. Quand je suis arrivé dans ma résidence á Ammoudia, une dame (qui ne parlait que grec) me fit comprendre qu’il n’y avait pas de place pour moi. Elle contacta une autre dame (qui celle-ci parlait très bien l’anglais) qui m’offrit en contrepartie la possibilité de placer gracieusement ma tente dans le jardin de son hôtel et de profiter de sa plage privée et des sanitaires. C’est néanmoins le genre de nuit qui me rappelle que je n’ai plus 20 ans et que mes articulations préfèrent un bon lit plutôt que le confort très spartiate du gazon. Ce changement de programme m’aura cependant permis de passer une excellente soirée en compagnie d’Erget, un jeune touriste albanais qui avait raté son excursion de groupe☺. Il ne parlait pas très bien l’anglais et moi pas un mot d’Albanais, mais avec le wifi et Google translate …
Même si je ne passe pas par la Grèce des petits villages typiques, des monastères perdus dans les montagnes et des sites historiques, j’ai droit à de très jolies vues et je profite au maximum des bières locales, du tzatziki, de la féta, des fritures de poissons et de légumes et de toutes les occasions pour échanger quelques mots avec ceux qui croisent ma route.
Je vous parlerai de mon interview à Igoumenitsa dans mon prochain compte-rendu☺ .
A bientôt pour de nouvelles aventures☺.

Chapitre 3 : Buonalbergo – Bari

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Mercredi 3 août 2016 16h23. J’ai enfin atteint Bari et la mer Adriatique ce qui marque la dernière étape de mon parcours italien☺. S’il fût jalonné de moments de joies intenses, de panoramas époustouflants, de rencontres mémorables, je dois avouer que cette dernière semaine fût mentalement très très éprouvante.
Même si mon corps supporte plutôt correctement la chaleur et les distances quotidiennes importantes que je lui impose, la monotonie du parcours, la solitude et l’éloignement des miens ont pesé lourdement sur mon moral. Il m’arrive en effet de marcher une journée complète en plaine entre des oliviers en ne croisant que quelques voitures, mais ni pèlerin ni piéton. Si la première journée de ce type peut paraître poétique, l’accumulation fût mentalement douloureuse.
J’ai heureusement rencontré quelques anges sur ce parcours. Ils furent comme des bouées auxquelles je me suis accroché et que je n’ai lachées que le plus tard possible afin de garder assez de force pour atteindre la suivante. Ces rencontres furent assez nombreuses pour me tenir la tête hors de l’eau☺. Je considère à présent certaines de celles-ci comme de vrais messages m’encourageant à ne pas laisser tomber les bras. Je sais aujourd’hui avec beaucoup plus de conviction que je ne devrai la réussite (éventuelle) de ce projet qu’aux nombreuses rencontres, encouragements et marques de soutien. Mon moral a beau être d’acier, je ne suis qu’un arbre qui, aussi solide qu’il soit, dépérit s’il est privé de lumière.
Meme si j’ai eu droit à de nombreux sourires (dont certains peuvent illuminer une heure de marche), d’arrêts de voiture, quelques « buon camino », quatre rencontres furent plus décisives.
La première fût la rencontre avec Michele. Lors de mon étape de 43km entre Ordona et Canosa di Puglia, je devais en être au km 33 lorsque j’ai décidé de profiter de l’arrosage automatique d’oliviers pour me rafraichir la tête et ôter le sel qui me piquait les yeux. Un homme sortit de nulle part et avec une once d’agressivité me dit de ne pas boire cette eau qui provenait de stockages. Son ton devint très vite amical lorsque avec les quelques phrases que je connais en italien, je lui ai expliqué qui j’étais et le motif de ma présence. Nous avons passé les 15 minutes suivantes à parler en rejoignant son hangar ou m’attendait un litre d’eau bien fraiche☺. Nous nous sommes ensuite embrassés comme deux vieux amis et j’ai repris ma route le sourire au cœur.

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La deuxième rencontre fût peut être la plus marquante depuis mon entrée en Italie. Je marchais le lendemain lorsqu’une cycliste me croisa en me souhaitant « buen camino ». Lorsqu’elle repassa dans l’autre sens une heure plus tard, elle s’arrêta à mon niveau, descendit de vélo et entama une discussion. Elle s’appelle Angela, a fait le pèlerinage de Compostelle depuis Pise et traverse actuellement l’Italie en vélo. Après avoir marché 20 minutes à mes côtés, elle reprit sa route en me donnant son numéro de téléphone en cas de souci et si je souhaitais boire un verre avec ses amis en soirée. En plus d’un verre avec son frère et son amie, j’ai eu droit à une visite nocturne du Castel del Monte dont la représentation orne la face des pièces italiennes d’un centime et d’un repas improvisé avec toute sa famille☺. J’avoue que cette soirée arriva a point nommé (mon moral était vraiment au ras des oliviers), que les quelques verres de vin et de bière me firent passer une excellente nuit et que les deux réunis me donnèrent des ailes le jour suivant.

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La troisième rencontre est récente (elle date en effet d’hier soir). Lorsque peu de temps après mon arrivée dans mon auberge (Blablabari que je recommande pour son accueil familial et son service hyper personnalisé), le responsable m’annonça la venue d’un Belge et de trois Français, j’étais aux anges. Malgré une une petite déconvenue en apprenant que le Belge c’était moi, j’eut le plaisir de partager une soirée détendue en compagnie des trois jeunes français très sympathiques.
Une toute dernière d’aujourd’hui avant de vous quitter. Je marchais en direction du port pour acheter mes billets pour la Grèce lorsque, dans un quartier plutôt malfamé, j’ai été accosté par un homme à l’accoutrement bizarre (buff, chapeau large, pantalon long, chemise bariolée à manches longues) et la peau recouverte d’une crème blanchâtre. Tout d’abord sur mes gardes, je me suis détendu au fur et à mesure qu’il m’expliqua son parcours. 43 ans, grand voyageur au long cours à vélo, professeur de chimie à Malte, il a été atteind l’année passée d’un cancer de la peau qui l’oblige à se couvrir et protéger la moindre parcelle de peau et à préférer les déplacements nocturnes. Il fût victime il y a quelques jours à la sortie d’un magasin d’une fouille musclée d’une patrouille de carabinieri qui s’acheva sans aucune forme d’excuse. Une nouvelle rencontre aussi enrichissante qu’inattendue!!!

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Demain mon bateau larguera ses amarres vers 17h et c’est donc de Grèce que vous parviendront le récit de mes prochaines péripéties. Le chapitre 3 se poursuit avec pour objectif suivant un monument célèbre situé sur une des plus hautes collines d’Athènes☺.
A bientôt pour de nouvelles aventures.

N.B. : Quelques photos en annexe

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