Mercredi 3 août 2016 16h23. J’ai enfin atteint Bari et la mer Adriatique ce qui marque la dernière étape de mon parcours italien☺. S’il fût jalonné de moments de joies intenses, de panoramas époustouflants, de rencontres mémorables, je dois avouer que cette dernière semaine fût mentalement très très éprouvante.
Même si mon corps supporte plutôt correctement la chaleur et les distances quotidiennes importantes que je lui impose, la monotonie du parcours, la solitude et l’éloignement des miens ont pesé lourdement sur mon moral. Il m’arrive en effet de marcher une journée complète en plaine entre des oliviers en ne croisant que quelques voitures, mais ni pèlerin ni piéton. Si la première journée de ce type peut paraître poétique, l’accumulation fût mentalement douloureuse.
J’ai heureusement rencontré quelques anges sur ce parcours. Ils furent comme des bouées auxquelles je me suis accroché et que je n’ai lachées que le plus tard possible afin de garder assez de force pour atteindre la suivante. Ces rencontres furent assez nombreuses pour me tenir la tête hors de l’eau☺. Je considère à présent certaines de celles-ci comme de vrais messages m’encourageant à ne pas laisser tomber les bras. Je sais aujourd’hui avec beaucoup plus de conviction que je ne devrai la réussite (éventuelle) de ce projet qu’aux nombreuses rencontres, encouragements et marques de soutien. Mon moral a beau être d’acier, je ne suis qu’un arbre qui, aussi solide qu’il soit, dépérit s’il est privé de lumière.
Meme si j’ai eu droit à de nombreux sourires (dont certains peuvent illuminer une heure de marche), d’arrêts de voiture, quelques « buon camino », quatre rencontres furent plus décisives.
La première fût la rencontre avec Michele. Lors de mon étape de 43km entre Ordona et Canosa di Puglia, je devais en être au km 33 lorsque j’ai décidé de profiter de l’arrosage automatique d’oliviers pour me rafraichir la tête et ôter le sel qui me piquait les yeux. Un homme sortit de nulle part et avec une once d’agressivité me dit de ne pas boire cette eau qui provenait de stockages. Son ton devint très vite amical lorsque avec les quelques phrases que je connais en italien, je lui ai expliqué qui j’étais et le motif de ma présence. Nous avons passé les 15 minutes suivantes à parler en rejoignant son hangar ou m’attendait un litre d’eau bien fraiche☺. Nous nous sommes ensuite embrassés comme deux vieux amis et j’ai repris ma route le sourire au cœur.
La deuxième rencontre fût peut être la plus marquante depuis mon entrée en Italie. Je marchais le lendemain lorsqu’une cycliste me croisa en me souhaitant « buen camino ». Lorsqu’elle repassa dans l’autre sens une heure plus tard, elle s’arrêta à mon niveau, descendit de vélo et entama une discussion. Elle s’appelle Angela, a fait le pèlerinage de Compostelle depuis Pise et traverse actuellement l’Italie en vélo. Après avoir marché 20 minutes à mes côtés, elle reprit sa route en me donnant son numéro de téléphone en cas de souci et si je souhaitais boire un verre avec ses amis en soirée. En plus d’un verre avec son frère et son amie, j’ai eu droit à une visite nocturne du Castel del Monte dont la représentation orne la face des pièces italiennes d’un centime et d’un repas improvisé avec toute sa famille☺. J’avoue que cette soirée arriva a point nommé (mon moral était vraiment au ras des oliviers), que les quelques verres de vin et de bière me firent passer une excellente nuit et que les deux réunis me donnèrent des ailes le jour suivant.
La troisième rencontre est récente (elle date en effet d’hier soir). Lorsque peu de temps après mon arrivée dans mon auberge (Blablabari que je recommande pour son accueil familial et son service hyper personnalisé), le responsable m’annonça la venue d’un Belge et de trois Français, j’étais aux anges. Malgré une une petite déconvenue en apprenant que le Belge c’était moi, j’eut le plaisir de partager une soirée détendue en compagnie des trois jeunes français très sympathiques.
Une toute dernière d’aujourd’hui avant de vous quitter. Je marchais en direction du port pour acheter mes billets pour la Grèce lorsque, dans un quartier plutôt malfamé, j’ai été accosté par un homme à l’accoutrement bizarre (buff, chapeau large, pantalon long, chemise bariolée à manches longues) et la peau recouverte d’une crème blanchâtre. Tout d’abord sur mes gardes, je me suis détendu au fur et à mesure qu’il m’expliqua son parcours. 43 ans, grand voyageur au long cours à vélo, professeur de chimie à Malte, il a été atteind l’année passée d’un cancer de la peau qui l’oblige à se couvrir et protéger la moindre parcelle de peau et à préférer les déplacements nocturnes. Il fût victime il y a quelques jours à la sortie d’un magasin d’une fouille musclée d’une patrouille de carabinieri qui s’acheva sans aucune forme d’excuse. Une nouvelle rencontre aussi enrichissante qu’inattendue!!!
Demain mon bateau larguera ses amarres vers 17h et c’est donc de Grèce que vous parviendront le récit de mes prochaines péripéties. Le chapitre 3 se poursuit avec pour objectif suivant un monument célèbre situé sur une des plus hautes collines d’Athènes☺.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
N.B. : Quelques photos en annexe