Chapitre 2 : Radicofani – Rome

 

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Lundi 11 juillet : Je suis assis sur un banc, adossé au mur d’enceinte de l’Ospedale della Divina Providenzza qui m’accueille depuis hier et je suis vidé. Je cherche avec peine les mots justes pour résumer la semaine qui vient de s’écouler et qui fût la plus riche mais aussi, physiquement la plus éprouvante depuis mon départ. Je ne m’en étais pas rendu compte car j’étais dans l’action et dopé à l’adrénaline, mais maintenant que l’objectif « Rome » est atteint, je subis de plein fouet le contrecoup (d’autant plus que je n’avais plus pris de jour off depuis Le Puy en Velay, càd environ 40 jours).
Je ne vous ferai pas comme de coutume un résumé journalier de notre parcours, mais tacherai de dresser un bilan des 175 km parcourus avec Maxime en dégageant la substance de cette expérience unique.
J’avais beaucoup anticipé et réfléchi à nos retrouvailles en Italie. Je m’étais imaginé les difficultés et les joies que nous allions rencontrer, mais je dois avouer, à posteriori, qu’entre le projet et la réalité, il y a un énorme fossé. Imaginer c’est un premier pas, mais vivre les choses au quotidien, c’est vraiment une autre histoire.
Je ne vous dirai pas que ça a été une promenade romantique. Oh non, ce ne fût pas le cas. Ca a été dur, exténuant. Nous nous sommes retrouvés à de nombreuses reprises dans le rouge et Maxime a terminé deux étapes au bord de l’épuisement. Mais nous n’étions pas là parce nous souhaitions vivre une expérience facile. Nous étions conscients que la joie et le bonheur que nous pourrions tirer de ce parcours seraient proportionnels à la sueur et à l’énergie dépensées.
Je me souviendrai ainsi «ad vitam» de la montée difficile de fin du premier jour pour arriver au village d’Aquapendente, de l’enchainement de collines à gravir le troisième jour, de la terrible ascension vers Campagnano di Roma et de la dernière montée pour arriver dans le centre urbain de Rome. Mais je savoure encore ces quelques secondes d’apaisement lors de nos passages dans l’ombre durant cette semaine si chaude ; je peux encore ressentir le bonheur intense procuré par ces petites brises sur nos visages mouillés par la sueur ; je profite encore de ces fontaines qui nous ont désaltérés de leurs eaux le plus souvent si fraîches…
Même dans les moments les plus ardus, c’est toujours dans la joie que s’est terminée la journée en partageant un apéritif et un repas concocté le plus souvent par Marc qui a été tour à tour notre chauffeur, coach, cuistot, …
C’est en équipe, en duo (et parfois même en trio quand la pente était trop raide, comme à Campagnano di Roma) que nous avons relevé les défis. Equipe gagnante à l’arrivée place St Pierre à Rome samedi midi !
Cette semaine a aussi été une bonne claque. J’ai pris conscience des difficultés rencontrées au quotidien par Maxime et les personnes moins valides. Vivre nécessite déjà pour tous un grand sens de l’adaptation, que dire alors de ce que cela représente pour les personnes moins valides.
Il n’est en rien naturel de se déplacer à la seule force des bras. S’habiller relève de la gageure quand on vit en chaise, et tant de gestes qui paraissent simples et évidents sont des embûches quotidiennes pour les moins valides. J’ai aussi remarqué que la notion de temps dans la vie quotidienne est très différente pour Maxime. J’avais l’habitude de mettre 15 minutes entre mon réveil et mon départ sur le chemin, jusqu’à l’arrivée de Maxime. J’ai vite réalisé que ce délai était bien entendu intenable pour lui.
Je me suis aussi rendu compte qu’un grand nombre d’adaptations pour moins valides sont clairement pensées, conçues et réalisées par des valides. Il en est ainsi des douches avec un siège adapté mais dont le raccord du pommeau se trouve dans le dos de celui qui prend sa douche, de ces trottoirs dont la pente d’entrée est parfaite, mais la sortie inexistante, de ces poteaux mis au centre des trottoirs et qui empêchent le passage d’une chaise et de tous ces détails qui compliquent des vies déjà bien assez compliquées.
Et je fais aussi partie inconsciemment du lot. Combien de fois pendant cette semaine ai-je dit à Maxime de regarder un paysage qu’il ne pouvait pas apercevoir à cause de la hauteur à laquelle il évolue, ou parce qu’il était facile pour moi de me retourner dans un espace restreint, mais impossible pour lui. Je pense aussi plus simplement à mes erreurs de langage comme quand par réflexe et habitude, je dis « debout », « en marche », « on se lève ». Tant de preuves que j’ai encore tout à apprendre pour m’adapter.
Je suis aujourd’hui conscient que la vie en chaise nécessite une dose infinie de patience, de sens de l’adaptation, de courage, d’humour, d’optimisme…
J’admire Maxime pour toutes ces qualités, mais aussi toute sa famille qui l’entoure.
Je voudrais aussi remercier tous ceux qui nous ont aidés sur ce chemin par leurs gestes de sympathie : Cette vieille dame qui visiblement émue nous a crié « Forza » quand nous rentrions dans Campagnano di Roma, ce monsieur qui nous a indiqué le chemin à Viterbo, ces deux messieurs qui nous ont presque interdit de prendre la Via Cassia en nous argumentant à juste titre que c’était trop dangereux, cette jeune serveuse de Bolsena qui nous a offert un petit cadeau, le père Gustavos qui nous a offert de quoi nous désaltérer au Sanctuaire de Sorbo, les hôtesses du site archéologique de Sutri qui nous ont offert gratuitement des places d’entrée et tous ceux qui parfois par des gestes simples ont donné encore plus de sens à notre projet et notre chemin.
Je conclus en remerciant Marc, Valérie et Hugo de m’avoir permis de vivre ces moments uniques et intenses et bien sûr je remercie tout spécialement Maxime en lui assurant que ça a été un vrai bonheur de partager ce chemin avec lui et que même quand je l’aidais en le poussant, lui inconsciemment me tirait bien plus fort, et que c’est sincèrement avec plaisir que je retenterais l’aventure à ses cotés ☺.
A bientôt…
NB. Il n’est pas nécessaire de tenter les plus hauts sommets, d’aller au bout du monde, de se fixer des objectifs insurmontables pour vivre une expérience incroyable. Une semaine avec Maxime a fait l’affaire et il faudra que je retrouve du sens aux 4200 km qu’il me reste à parcourir.

20 réflexions sur « Chapitre 2 : Radicofani – Rome »

  1. Et oui le quotidien n’est pas tjs facile pour la famille Hordies mais ils l’a relèvent à bras le corps. Chapeau 👍👏Et que dire de Maxime, il est tout simplement incroyable. Courage à toi Michel pour ses 4200km restant. Tes souvenirs de cette semaine passée en compagnie de Max et Marc resteront gravés et ils t’accompagneront tout le long de ton périple. Bonne route . Carol

  2. Maxime, Mich, Marc … l’histoire des 3M est scotchante
    EXCELLENT BRAVO MERCI
    quelle leçon, j’espère que tout les followers liront « Radicofani – Rome »
    MESSIEURS VOUS ETES GRANDS

    jeepee

  3. Maxime, Michel, Marc tout simplement bravo et chapeau bas pour ce que vous venez de réaliser . Un vrai défi, une belle leçon de courage .
    Le texte de Michel est magnifique , comme lui, je ne pouvais pas imaginer les difficultés
    auxquelles a été confronté Maxime ainsi que toute personne handicapée dans la vie courante.
    Bien sûr, on sait qu’il y a des contraintes, mais les toutes petites choses aussi qui finissent par empoisonner le quotidien , on n’y pense pas, les mots qu’il ne faut pas dire
    qui peuvent heurter la sensibilité de la personne handicapée , ils nous échappent sans qu’on s’en aperçoive.
    Encore merci à vous Michel de nous avoir fait vivre ce partage avec Maxime si courageux.

  4. Michel , Les mots me manquent ,quelle émotion de te lire ,.Maxime et toi : un condensé de ce que l’on appelle , le partage , le courage , l’effort constant et l’amitié , ta prise de conscience ,parce que tu le vis , des difficultés que vit Maxime tout au long de sa vie de tous les jours et qui a cette force exceptionnelle de se lancer dans cettte difficile mais merveilleuse aventure !!!!!Vous êtes exceptionnels et nous donnez une telle leçon d’humilité …….Merci de nous donner cela . Maxime et toi juste un mot  » respect  »
    Bisous . tante Christiane

  5. Qu’ajouter à ce qui a déjà été écrit ? Bravo bravo bravo à tous les deux (trois ? Et plus !) je suis admiratif de votre projet et de l’esprit qui vous a permis de le vivre avec une magnifique énergie positive. Michel, tu vas assurément te nourrir de ces moments et du courage de Maxime pour poursuivre ton aventure . Et puis d’autres rencontres et de nouveaux moments forts sont à venir ! J’espère que nous pourrons nous revoir à ton retour pour en parler de vive voix. Portes toi bien et courage pour la suite ! Hervé

    1. Salut Hervé, Merci pour ton message. Je viens de remarquer que quelques une de mes réponses ne sont jamais passées. Ce serait avec plaisir qu’on pourrait se voir á mon retour en Belgique😍 . A bientôt

    1. Coucou Phil et Coco,
      J’ai manqué un peu de force et de temps lors de mon arrivée à Rome, mais là je suis reparti á fond pour le chapitre 3☺. A bientôt. Michel

    2. Salut Phil,
      Il me semblait avoir répondu à ton message, mais certaines réponses se sont perdues dans le système☺.
      Merci et on organise qqchose á mon retour. Cela me fera plaisir de vous voir…
      A bientôt
      Michel

  6. Hello Michel, how hare you? i am roberto the italian pilgrim of day 78, i meet you in Vercelli and Mortara and hope everything is ok, because remember
    your sac very heavy! Often reed your blog and so know every part of your adventure. I arrived in Rome saturday 2-7 but now i follow your feet from my house. Compliments
    for the time you spend whit Maxim

    1. Hi Roberto,
      I’m really happy to receive your message. I’ll finish the italian part in one week☺. I just enter Puglia.
      Ciao. Michel

  7. Chers Michel et Maxime

    Sans défi, le résultat n’a que peut de saveur. Bravo pour votre reussite et votre parcours plein d’humanité.

  8. Salut Mich, … déjà 14 jours sans news … t’es parti 2 semaines en vacances ou quoi !
    je m’étais bien habitué à ton journal de bord … bon OK à moi de prendre mon G.
    Have safe fun. jeepee

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